Prix de la Plume lycéenne 2025
Projet 2(6) : Sélection réservée à cette classe le temps du concours (jusqu'au 19 novembre 2025)
Parallèlement au Prix Goncourt des Lycéens, la Région Bretagne organise depuis 1993, en partenariat avec l'association Bruit de Lire et avec le soutien de la région académique de Bretagne un prix de la plume lycéenne.
L'objectif pour les élèves est de rédiger un texte (soit sous la forme d'une critique littéraire, soit sous la forme d'une de ces 5 formes libres : pastiche, poème, lettre à l'auteur, dialogue entre deux lecteurs, préface imaginaire) sur l'un des romans de la sélection en lice pour le Prix Goncourt des lycéens.
Le roman de David DIOP, auteur déjà primé en 2018, est exclu de la liste pour les lycéens.
Toute la sélection :
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Kolkhoze
de Emmanuel Carrère
P.O.L., 2025, 560 p
Au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, un jeune bourgeois bordelais rencontre une jeune fille pauvre, apatride, fille dune aristocrate germano-russe ruinée et dun Géorgien bipolaire, disparu et certainement fusillé à la Libération. Il devine, en lépousant, quil sengage dans tout autre chose que lunion paisible avec la jeune bourgeoise bordelaise à laquelle il était promis. Mais il nimagine pas à quel point, ni quel destin romanesque et quelle somme dépreuves lattendent au cours des soixante-et-onze ans de son mariage avec Hélène Zourabichvili, qui deviendra sous son nom à lui, Carrère dEncausse, spécialiste internationalement reconnue de la Russie (mais aussi de lépizootie du mouton en Ouzbékistan), familière du Kremlin et de ses maîtres successifs, secrétaire perpétuelle de lAcadémie française, ni quavant de mourir lui-même - « 147 jours après elle et, à mon avis, de chagrin », écrit Emmanuel Carrère - il assistera, dans la cour des Invalides, à ses funérailles nationales.
Kolkhoze est le roman vrai dune famille sur quatre générations, qui couvre plus dun siècle dhistoire, russe et française, jusquà la guerre en Ukraine. Emmanuel Carrère sen empare personnellement, avec un art consommé de la narration qui parvient à faire de leur histoire notre histoire.
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L'adieu au visage
de David Deneufgermain
Marchialy, 2025, 256 p
Mars 2020. La France se confine. Dans tous les hôpitaux du pays, il faut prendre des décisions et agir vite. En première ligne, un psychiatre partage son temps entre son équipe mobile qui maraude dans une ville fantôme à la recherche de marginaux à protéger, et les unités Covid où les malades meurent seuls, privés de tout rite. Entre obéissance à la loi et refus de lhorreur, que ce soit à lhôpital ou dehors, chacun à son niveau cherche des solutions et improvise. *LAdieu au visage* est lécriture dune résistance fragile et dune lutte pour prendre soin de lautre quil soit vivant ou mort.
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Un amour infini
de Ghislaine Dunant
Albin Michel, 2025, 176 p
Ce roman installe le lecteur au cur d'une rencontre de trois jours sur l'île de Ténérife, en juin 1964, prévue mais bouleversée par un événement tragique, entre un astrophysicien d'origine hongroise qui a dû fuir l'Europe et s'exiler aux États-Unis et une mère de famille française.
Alors que rien ne devrait les rapprocher, leurs conversations sur leurs passés distincts et l'exploration de l'île vont les ouvrir profondément l'un à l'autre. Le ciel, l'univers, l'histoire de la Terre... Les sujets de l'astrophysicien rejoignent la sensibilité de celle qui a observé le mystère de la toute petite enfance et a toujours eu une approche sensitive des êtres. Leur désir réciproque va s'accompagner de la puissance des éléments qui les entourent.
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La collision
de Paul Gasnier
Gallimard, 2025, 176 p (Blanche)
En 2012, en plein centre-ville de Lyon, une femme décède brutalement, percutée par un jeune garçon en moto cross qui fait du rodéo urbain à 80km/h. Dix ans plus tard, son fils, qui n'a cessé d'être hanté par le drame, est devenu journaliste. Il observe la façon dont ce genre de catastrophe est utilisé quotidiennement pour fracturer la société et dresser une partie de l'opinion contre l'autre. Il décide de se replonger dans la complexité de cet accident, et de se lancer sur les traces du motard pour comprendre d'où il vient, quel a été son parcours et comment un tel événement a été rendu possible. En décortiquant ce drame familial, Paul Gasnier révèle deux destins qui s'écrivent en parallèle, dans la même ville, et qui s'ignorent jusqu'au jour où ils entrent violemment en collision. C'est aussi l'histoire de deux familles qui racontent chacune l'évolution du pays. Un récit en forme d'enquête littéraire qui explore la force de nos convictions quand le réel les met à mal, et les manquements collectifs qui créent l'irrémédiable.
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Passagères de nuit
de Yanick Lahens
Sabine Wespieser éditeur, 2025, 232 p
Dans ce nouveau roman, comme arraché au chaos de son quotidien à Port-au-Prince, Yanick Lahens rend un hommage despoir et de résistance à la lignée des femmes dont elle est issue.
La première dentre elles, Élizabeth Dubreuil, naît vers 1820 à La Nouvelle-Orléans. Sa grand-mère, arrivée dHaïti au début du siècle dans le sillage du maître de la plantation qui avait fini par laffranchir, na plus jamais voulu dépendre dun homme. Inspirée par ce puissant exemple, la jeune Élisabeth se rebelle à son tour contre le désir prédateur dun ami de son père. Elle doit fuir la ville, devenant à son tour une « passagère de nuit » sur un bateau à destination de Port-au-Prince. Ce qui adviendra delle, nous lapprendrons quand son existence croisera celle de Régina, autre grande figure de ce roman des origines.
Née pauvre parmi les pauvres dans un hameau du sud de lîle dHaïti, Régina elle aussi a forcé le destin : rien ne la déterminait à devenir la maîtresse dun des généraux arrivé en libérateur à Port-au-Prince en 1867. Cest à « mon général, mon amant, mon homme » quelle adresse le monologue amoureux dans lequel elle évoque sa trajectoire démancipation : la cruauté mesquine des maîtres quelle a fuis trouve son contrepoint dans les mains tendues par ces femmes qui lui ont appris à opposer aux coups du sort une ténacité silencieuse.
Cette ténacité silencieuse, Élizabeth et Régina lont reçue en partage de leurs lointaines ascendantes, ces « passagères de nuit » des bateaux négriers, dont Yanick Lahens évoque ici leffroyable réalité, de même quelle nous plonge et ce nest pas la moindre qualité de ce très grand livre dans les convulsions de lhistoire haïtienne.
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Le bel obscur
de Caroline Lamarche
Éd. du Seuil, 2025, 240 p (Cadre rouge)
Alors quelle tente délucider le destin dun ancêtre banni par sa famille, une femme reprend lhistoire de sa propre vie. Des années auparavant, son mari, son premier et grand amour, lui a révélé être homosexuel. Du bouleversement que ce fut dans leur existence comme des péripéties de leur émancipation respective, rien nest tu. Ce roman lumineux nous offre une leçon de courage, de tolérance, de curiosité aussi. Car jamais cette femme libre naura cessé de se réinventer, daffirmer la puissance de ses rêves contre les conventions sociales, avec une fantaisie et une délicatesse infinies.
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Tambora
de Hélène Laurain
Verdier, 2025, 192 p
Une mère nous parle de ses deux filles, quelle voit amples comme des villes en expansion. La première est déjà là quand le récit commence, la seconde naîtra bientôt, après la perte dun autre enfant lors dune fausse couche. Ici, la temporalité de la maternité domine : celle de grossesses compliquées, dhôpitaux et de services des urgences, la temporalité dun corps qui produit, parfois sans quon le veuille, la temporalité de la naissance, celle des soins, ou des désirs trop souvent empêchés. Mais dautres réalités existent aussi, se faufilent et tentent de prendre leur place : un manuscrit qui intéresse un éditeur, des confinements, qui ne changent pas grand-chose lorsquon doit rester alitée, la catastrophe environnementale qui se déploie, gigantesque, et fait songer à la fin du monde que lhumanité a cru vivre en 1815 quand léruption du volcan Tambora plongea une partie de la Terre dans le froid et lobscurité. Hélène Laurain écrit avec cela, et écrit tout cela, avec crudité parfois. Son livre conjugue récit, réflexions et poésie, et nous emmène à la rencontre dun monde incertain.
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Le nom des rois
de Charif Majdalani
Stock, 2025, 216 p (La Bleue)
« Et dun seul coup, le monde qui servait de décor à tout cela sécroula. Jen avais été un témoin distrait, mais le bruit quil provoqua en seffondrant me fit lever la tête et ce que je vis alors nétait plus quun univers de violence et de mort. Cest de celui-là que je suis devenu contemporain. Javais été, durant des années, dispensé dintérêt pour ce qui se passait autour de moi par ma passion des atlas, par les royautés anciennes et inutiles et par les terres lointaines et isolées, les berceaux de vieux empires oubliés.
Désormais, lhistoire se faisait sous mes yeux et je la trouvais moche, roturière et vulgaire. »
Dans ce récit de passage à lâge adulte porté par une écriture ample et élégante, Charif Majdalani raconte la disparition dun pays et explore ce qui subsiste de lenfance lorsquelle capitule devant les fracas du monde.
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La maison vide
de Laurent Mauvignier
Editions de Minuit, 2025, 752 p
En 1976, mon père a rouvert la maison quil avait reçue de sa mère, restée fermée pendant vingt ans.
À lintérieur : un piano, une commode au marbre ébréché, une Légion dhonneur, des photographies sur lesquelles un visage a été découpé aux ciseaux.
Une maison peuplée de récits, où se croisent deux guerres mondiales, la vie rurale de la première moitié du vingtième siècle, mais aussi Marguerite, ma grand-mère, sa mère Marie-Ernestine, la mère de celle-ci, et tous les hommes qui ont gravité autour delles.
Toutes et tous ont marqué la maison et ont été progressivement effacés. Jai tenté de les ramener à la lumière pour comprendre ce qui a pu être leur histoire, et son ombre portée sur la nôtre.
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Le Crépuscule des hommes
de Alfred de Montesquiou
Robert Laffont, 2025, 384 p (Pavillons)
Nuremberg, 1945 : un procès fait l'Histoire, eux la vivent. Un roman vrai, qui saisit les sursauts de l'Histoire en marche.
Chacun connaît les images du procès de Nuremberg, où Göring et vingt autres nazis sont jugés à partir de novembre 1945. Mais que se passe-t-il hors de la salle d'audience ?
Ils sont là : Joseph Kessel, Elsa Triolet, Martha Gellhorn ou encore John Dos Passos, venus assister à ces dix mois où doit uvrer la justice. Des dortoirs de l'étrange château Faber-Castell, qui loge la presse internationale, aux box des accusés, tous partagent la frénésie des reportages, les frictions entre alliés occidentaux et soviétiques, l'effroi que suscite le récit inédit des déportés.
Avec autant de précision historique que de tension romanesque, Alfred de Montesquiou ressuscite des hommes et des femmes de l'ombre, témoins du procès le plus retentissant du XXe siècle.
Un roman vrai, qui saisit les sursauts de l'Histoire en marche.
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Perpétuité
de Guillaume Poix
Verticales, 2025, 336 p
18h45. Une maison d'arrêt du sud de la France. Pierre, Houda, Laurent, Maëva et d'autres surveillants prennent leur service de nuit. Captifs d'une routine qui menace à chaque instant de déraper, ces agents de la pénitentiaire vont traverser ensemble une série d'incidents plus éprouvants qu'à l'ordinaire. En regardant celles et ceux qui regardent, Guillaume Poix plonge dans le quotidien d'un métier méconnu, sinon méprisé, et interroge le sens d'une institution au bord du gouffre.
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Tressaillir
de Maria Pourchet
Stock, 2025, 336 p (La Bleue)
« Jai coupé un lien avec quelque chose daussi étouffant que vital et je ne suis désormais plus branchée sur rien. Ni amour, ni foi, ni médecine. »
Une femme est partie. Elle a quitté la maison, défait sa vie. Elle pensait découvrir une liberté neuve mais elle éprouve, prostrée dans une chambre dhôtel, lélémentaire supplice de larrachement. Et si rompre nétait pas à sa portée ? Si la seule issue au chagrin, cétait revenir ? Car sans un homme à ses côtés, cette femme a peur. Depuis toujours sur le quivive, elle a peur.
Mais au fond, de quoi ?
Dans ce texte du retour aux origines et du retour de la joie, Maria Pourchet entreprend une archéologie de ces terreurs denfant qui hantent les adultes. Elle nous transporte au coeur des forêts du Grand Est sur les traces de drames intimes et collectifs.
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Un frère
de David Thomas
Editions de l'Olivier, 2025, 144 p
« Pendant presque quarante ans, il aura été là sans plus vraiment être là. Lui, mais plus lui. Un autre. »
David Thomas raconte le combat de son frère contre cette tyrannie intérieure quest la schizophrénie. Sa dureté, sa noirceur, ses ravages. Depuis la mort brutale dÉdouard jusquaux années heureuses, il remonte à la source du lien quil a eu avec son aîné et grâce auquel il sest construit. Lors de ce cheminement, il sinterroge : comment écrire cette histoire sans trahir, sans enjoliver ? Écrire pour rejoindre Édouard. Le retrouver.
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La nuit au coeur
de Nathacha Appanah
Gallimard, 2025, 288 p (Blanche)
"De ces nuits et de ces vies, de ces femmes qui courent, de ces coeurs qui luttent, de ces instants qui sont si accablants qu'ils ne rentrent pas dans la mesure du temps, il a fallu faire quelque chose. Il y a l'impossibilité de la vérité entière à chaque page mais la quête désespérée d'une justesse au plus près de la vie, de la nuit, du coeur, du corps, de l'esprit. De ces trois femmes, il a fallu commencer par la première, celle qui vient d'avoir vingt-cinq ans quand elle court et qui est la seule à être encore en vie aujourd'hui. Cette femme, c'est moi. " La nuit au coeur entrelace trois histoires de femmes victimes de la violence de leur compagnon. Sur le fil entre force et humilité, Nathacha Appanah scrute l'énigme insupportable du féminicide conjugal, quand la nuit noire prend la place de l'amour.